Georges Abdallah libéré après 40 ans de prison en France : retour imminent au Liban

Lannemezan (France) – Beyrouth (Liban) — Après quatre décennies derrière les barreaux, Georges Abdallah, militant libanais propalestinien et l’un des plus anciens prisonniers de France, a été libéré dans la nuit de jeudi à vendredi, quittant le centre pénitentiaire de Lannemezan (sud-ouest) sous haute sécurité. Âgé aujourd’hui de 74 ans, l’ancien chef des Fractions armées révolutionnaires libanaises (FARL) regagne enfin son pays natal, le Liban.
Vers 3h40 du matin, un convoi composé de plusieurs véhicules, gyrophares allumés, a quitté la prison. Une source proche a confirmé à l’AFP que Georges Abdallah était bien à bord. Il a ensuite été transféré vers un aéroport régional pour rejoindre Roissy-Charles-de-Gaulle, d’où il doit prendre un vol à destination de Beyrouth prévu à 9h (heure française).
Son avocat, Me Jean-Louis Chalanset, a déclaré à l’AFP : « C’est à la fois une joie pour lui, un choc émotionnel et une victoire politique après tout ce temps. »
Une libération longuement attendue
Condamné en 1987 à la réclusion criminelle à perpétuité pour complicité dans les assassinats en 1982 de deux diplomates — l’Américain Charles Ray et l’Israélien Yacov Barsimantov — Georges Abdallah était libérable depuis 1999, mais ses multiples demandes avaient toujours été rejetées.
La cour d’appel de Paris a finalement ordonné sa libération effective à compter du 25 juillet, à condition qu’il quitte définitivement le territoire français. Un pourvoi en cassation a été déposé par le parquet général, mais ce recours n’est pas suspensif.
Retour symbolique au Liban
Selon son avocat, Georges Abdallah devrait atterrir à Beyrouth dès ce vendredi, soit un jour plus tôt que prévu. Sa famille prévoit un accueil officiel et populaire dans son village natal de Kobayat, dans le nord du Liban.
Durant ses derniers jours en détention, il a vidé sa cellule décorée d’un drapeau rouge à l’effigie de Che Guevara, offrant ses livres et journaux à son comité de soutien, et ses vêtements à des codétenus. Il emporte seulement « une petite valise », a précisé son avocat.
Les autorités libanaises, qui réclamaient sa libération depuis des années, ont été sollicitées pour l’autoriser à passer par le salon d’honneur de l’aéroport à son arrivée.
Une figure controversée
Georges Abdallah n’a jamais exprimé de remords et continue de revendiquer sa position idéologique. Il considère les actes de 1982 comme relevant de la « résistance contre l’occupation israélienne et américaine ». Cependant, la cour d’appel a estimé qu’il ne représentait plus de menace pour l’ordre public, soulignant l’absence d’activités violentes de son mouvement depuis 1984.
Décrit comme un « symbole passé de la lutte palestinienne », il souhaite désormais terminer ses jours au Liban, peut-être en s’engageant en politique locale.